Dunkerque

Ernest  Raynaud (1864-1936), écrivain et poète français, a vécu à Paris. Il a publié plusieurs recueils de poèmes de 1889 à 1924. Dans "La Couronne des Jours" (1905), il consacre une vingtaine de sonnets à l'évocation de villes d'Angleterre, de Belgique et de France, parmi lesquelles Boulogne-sur-Mer et Dunkerque.

DUNKERQUE

Une nuit pluvieuse a saisi les remparts,

L'écluse, les canaux, les bâtiments de briques

Noircis par la fumée épaisse des fabriques,

Et le beffroi sonore, et les jardins épars.

 Beffroi Saint-Eloi - Dunkerque

 On éteint les cafés de la place Jean-Bart.

Sur les quais ruisselants, où les mâts nostalgiques

Dorment, las de leur course à travers l'Atlantique,

Ton cadran veille encore, ô tour du Heugeunaër ! (Heugeunaër, Leughenaer en réalité !)

 Tour du Leughenaer - Dunkerque

Une ombre glisse et c'est fini, plus rien ne bouge.

Seul, au quartier marin, des volets clos d'un bouge,

Un bruit breton  nasille et s'échappe alentour.

Et c'est le biniou d'un pêcheur de morue

Ivre, pleurant sa '"lande et son clocher à jour",

Qui m'arrête pensif au milieu de la rue.

 Photo de Jean-François Sabiaux (photographe dunkerquois) qui m'a gentiment donné l'autorisation d'utiliser son cliché pour illustrer ces quelques vers.  Rendez-lui visite, ces photos sont superbes (ici)